19/08/2018
Comme prévu, ce dimanche est un jour off, rien de prévu au programme à part une petite séance de devoirs et l’organisation des prochains jours. Les enfants avaient besoin de se reposer, et les parents aussi ! ça fait à peine 5 jours que nous sommes en Equateur, et nous avons déjà pas mal bougé.
Pour le déj on nous indique un centre commercial ouvert (sinon tout est fermé le dimanche !). On en profite pour faire quelques courses et les enfants sont ravis : des vraies baguettes de pain, ce sera sandwichs !! 😊
Pour les prochains jours nous hésitons entre la lagune de Quilotoa ou se lancer dans un premier trek de 3 jours, la fameuse « Quilotoa Loop ». Ce trek avait été initialement envisagé mais, faute de temps nous ne l’avions pas retenu. Suite à l’annulation de l’Amazonie il redevient possible ! Comme son nom ne l’indique pas, il ne s’agit pas d’une boucle mais d’une traversée de 3 à 5 jours à partir ou vers Quilotoa et sa lagune.
Nous en discutons avec le proprio de l’hôtel qui nous motive pour le trek…en nous mettant en garde contre les attaques de chiens sauvages. En effet, comme la plupart des guides de voyage le mentionnent, certains chiens errants peuvent être assez agressifs et mordre. Et la semaine dernière un enfant qui logeait à l’hôtel s’est fait mordre sur ce même parcours et a fini aux urgences…
Evidemment je cogite toute la nuit : je trouverai bien dommage que nos mollets soient croqués après seulement 8 jours de TDM mais il existe également un fort risque de rage que ces toutous peuvent transmettre. Je passe une bonne partie de la nuit à me renseigner sur le net, et rien ne me rassure vraiment.
20/082018
Au réveil Aurélie est motivée comme jamais, je ne vais pas parvenir à la faire changer d’avis (en fait je n’essaye même pas, c’est peine perdue !!). Réveil à 5h45 (enfin, pour les autres, moi j’étais toujours sur le net !!) pour espérer prendre un bus à 7h direction Quilotoa. Ah oui, car comme Les 10 Pieds Autour du Monde ne font rien comme tout le monde, nous ferons ce trek en « sens descendant », en partant du point le plus haut pour arriver 1000m plus bas (c’est un peu comme commencer par le dessert !!)
Le proprio de l’hôtel nous a gentiment proposé de nous emmener au terminal de bus mais à 6h50 nous ne sommes toujours pas partis… Malgré ses « tranquilo tranquilo » nous on est plutôt « stressados stressados », car c’est le seul bus direct de la journée. Finalement, un petit coup d’accélérateur plus tard, nous sautons dans le bus pour 2 bonnes heures de montée… Nous avons la chance d’avoir des places assises et de minutes en minutes le bus se remplit.
30mn avant l’arrivée le chauffeur décide de rendre hommage à Schumacher en accélérant comme un malade dans les virages. Clémence n’apprécie pas et refait la déco de son siège… Dur dur les bus locaux pour elle !! Nous arrivons enfin à Quilotoa sur les coups de 9h… Pour l’occasion nous sommes tous assortis à la lagune que nous nous apprêtons à voir : tout verts !!!
Il y a un vent de dingue, nous sommes à plus de 3900m et il fait de nouveau très froid : les vestes imperméables sont de nouveau de sortie pour espérer garder quelques degrés. La priorité est de nous munir de bâtons afin d’éloigner tout risque d’attaque canine (non pas en les frappant bien sûr, mais en les effrayant comme nous l’ont conseillé plusieurs habitants sur place). Rapidement nous surplombons la lagune et nous avons notre second « WHAOU » du voyage… malgré les nuages le spectacle est sublime !
Pour nous mettre en jambes nous décidons d’aller voir cette lagune de plus près : la descente est très glissante et en pleine poussière. Malgré la faible fréquentation nous en prenons plein la tête, surtout avec ce vent terrible qui continue de souffler. Rapidement en bas le paysage est toujours aussi magnifique. Une grosse étape nous attend donc nous n’avons pas le temps de faire un tour en canoë. Le temps de remontée indiqué est de 1h/1h30 : les enfants, au taquet, sont en haut en 55mn, pas mal pour grimper les 350m de dénivelée à une altitude proche des 4000m !
Après cette mise en jambe l’étape peut enfin commencer : et ça démarre par un demi-tour de cratère, sur les crêtes. Le chemin est pénible : ça monte et ça descend tout le temps, on se retrouve parfois sur un sentier de 50cm de large avec la lagune 300m plus bas. Il y a toujours ce vent terrible qui nous colle à la paroi et manque de faire tomber Baptiste.
La pause déjeuner est accueillie avec plaisir et nous la passons avec d’autres voyageurs francophones avec qui nous échangeons pendant une petite heure. Nous avons clairement fait le plus dur, la suite ne sera que de la descente…
Le sentier est toujours aussi glissant et poussiéreux, on en prend plein la poire mais personne ne bronche. Toutefois le temps indiqué par Maps Me ne varie pas des masses et reste bloqué à 1h45 pour 5km. On se fait confirmer notre chemin et les locaux nous indique le sens inverse… c’est le début de la galère.
A partir de ce moment-là, il est 16h, nous ne croiserons plus aucun signe de vie : ni locaux, ni voitures, ni maison (les chèvres, vaches ou moutons n’ont jamais répondu à nos sollicitations !) Lorsque nous retrouvons enfin des panneaux le chemin devient de plus en plus difficile et pentu : nous continuons à descendre alors que le village à atteindre est perché de l’autre côté !
La situation devient désormais critique : nous sommes à flanc de falaise, et soudain, il n’y a plus de sentier devant nous…
Je résume : il est 17h30 (il fait donc nuit dans moins d’1h), les enfants ont déjà 8h de marche dans les guiboles et on est au fond d’un trou (et au fond du trou !!) sur un sentier qui n’en est pas un (mais ayant suivi les bons panneaux)… Nous avons 2 coulées de sable d’environ 2 mètres chacune à franchir : on teste la solidité avec un bâton : le sable s’écroule direct.
Il nous faudrait plusieurs heures pour faire demi-tour, cette option est donc rapidement écartée : Aurélie passe en premier en franchissant les coulées le plus rapidement possible. Nous sécurisons ensuite les enfants avec des bâtons pour les faire passer chacun leur tour (désolé, pas d’images, dans ces moments-là, la Go Pro et l’appareil photo restent au fond du sac !!). A chaque pied qui se pose c’est encore plus de sable au fond du ravin. Finalement nous sommes passés tous les 5 sans dommage (en même temps sinon je ne serai pas là pour vous le raconter !) mais on s’est fait une sacrée peur ! Il nous reste une bonne heure de marche et le soleil se couche déjà.
C’est le moment que choisit Baptiste pour annoncer « une panne de batterie » : n’ayant pas pensé à prendre mes pinces (trop nul ce papa) et ne sachant pas où se trouve le garage le plus proche je négocie une tête brulée à l’arrivée. Ça le remotive, tant mieux car il nous faut absolument sortir de cette fichue forêt avant la tombée de la nuit ! Malgré leurs nombreuses heures de marche dans les pattes les enfants accélèrent, sans râler et sans pause, pourtant réclamée depuis quelques temps (demandes sans cesse refusées car il faut arriver avant que la nuit ne tombe).
Nous arrivons épuisés (ai-je besoin de le préciser ??), tant physiquement qu’émotionnellement à 18h45 au logement que nous avions réservé. La nuit est déjà là et le dîner est sur le point d’être servi. A défaut d’un bon karcher pour nous dépoussiérer nous optons pour une bonne douche chaude. Les enfants s’écroulent rapidement pendant que nous réfléchissons à la suite à donner à ce trek : rentrer sagement en bus ou poursuivre après cette première journée intense ? …
Cyrille
8 commentaires sur “Quilotoa loop 1/2”
Hello les copains, vraiment super tes récits Cyrille car on partage vraiment ces moments magiques et stressants aussi 😉 de votre parcours !!!!
Bise à tous le monde
Merci les amis ! Ces premières semaines sont riches en rebondissements et en émotions, vivement la suite ! On vous embrasse bien fort
Ouahhh, quel trek !! Sacrément courageux de s’etre lancé sans guide ! Et bravo aux enfants d’avoir autant marché, c’est rare à cet age. Bon courage pour la suite du trek. Bises. Fred & Isa
Je ne crois pas qu’il y ait de guides sur cet itinéraire, en général assez simple. Mais nous ne sommes pas les seuls à nous être perdus. Les enfants ont été impressionnants par leur endurance, mais il ne fallait pas un 4ème jour !!
A bientôt pour la suite !
Bises à toute la famille
Merci pour ces magnifiques photos et ces commentaires haletants. Bon courage pour la suite
Merci pour ton message Laurent ! Après toutes ces émotions nous soufflons un peu dans la ville de Banos, réputée pour ces eaux bien chaudes !
A bientôt !
Je rattrape mon retard dans les lectures….la vache…ce récit est précis et on sent bien les difficultés vécues!! Les enfants ont très souvent cette capacité à foncer et ne rien dire dans les situations compliquées (comme celle que vous avez vécu !!)
Que d’émotions!
Oui, ça a été très chaud mais tout s’est bien terminé ! Les ptits loulous ont bien assuré, ouf ! 🙂